En l'an 2034, en Tunisie, à la suite des élections présidentielles, un gouvernement se forme, constitué principalement de ministres de tendance conservatrice, à l'exception d'un unique représentant de la gauche. Ce nouveau ministre, enthousiaste quant à sa nomination au sein de cette jeune administration, investie de la noble mission de délivrer la Tunisie de ses nombreux maux, décide de s'offrir une escapade parisienne exubérante, avant d'entamer son monumental travail. Dans la Ville Lumière, notre politicien s'immerge totalement dans une virée effrénée entre les établissements nocturnes et les maisons closes, adoptant le cri de ralliement "Jouir sans entrave!"
 
À son retour à l'aéroport de Tunis, le ministre, accompagné de deux prostituées et de 48 bouteilles d'absinthe, est escorté au palais présidentiel pour participer à un dialogue national de la plus haute importance, orchestré sous l'égide de la présidence, visant à élaborer des solutions radicales aux problèmes qui gangrènent le pays depuis deux décennies.
 
Dans l'enceinte du palais, le ministre s'égare dans les dédales de la somptueuse demeure et aboutit dans la cuisine, face à une cuve débordante de jus d'orange. Désillusionné par la nature du breuvage destiné aux convives (ministres, parlementaires, représentant.es de la société civile, syndicalistes...), il décide d'y verser l'intégralité des bouteilles d'absinthe, plongeant ainsi les invités dans une orgie décadente qui perdurera pendant trois semaines.
 
Sous l'emprise d'une euphorie incommensurable, le ministre des affaires culturelles, sous l'influence de la "fée verte", convoque sa cheffe de cabinet et lui ordonne la mise en place d'un festival inédit : Les Journées Pornographiques de Carthage, avec une date butoir aussi audacieuse que déconcertante : "Dans trois semaines seulement !".
 
Le ministère des affaires culturelles, tel un essaim d'abeilles en effervescence, se met à travailler sans relâche pour répondre à la demande du ministre. L'enthousiasme du cabinet ministériel se propage dans l'air et conquiert l'ensemble de la nation, qui soutient fervemment ce festival. Une alchimie se produit, transformant la Tunisie, faisant naître l'espoir que tout soit réalisable, entraînant des réformes successives pour accompagner les effets positifs de cet événement. La jeunesse se mobilise, proposant des solutions innovantes, l'administration tunisienne est envahie par une vague inarrêtable d'idées novatrices, et un effet domino atteint tous les secteurs économiques...
 
À leur réveil, les invités sont confrontés à une réalité pour le moins inattendue : le peuple a trouvé sa propre voie vers le salut, indépendamment de leur intervention. Pire encore, le moteur de ce changement a été le sexe. Pris de panique face à cette révolution qui s'annonce, un couvre-feu draconien est instauré, la cheffe de cabinet est arrêtée, incarcérée, et accusée de corrompre l'âme du peuple. Seule en face des juges, la cheffe de cabinet va se défendre farouchement, plaidant que son festival a été le catalyseur d'un renouveau bien nécessaire. La pièce de théâtre n'est autre que le vibrant plaidoyer de cette femme.